En Suisse, l’espérance de vie moyenne n’a jamais été aussi élevée. Et nos connaissances en matière de santé n’ont jamais été aussi vastes. Pourtant, le sepsis demeure trop méconnu et souvent mésestimé en Suisse.

Un danger trop méconnu

Contrairement à une idée reçue, le sepsis n’est pas une «infection du sang». On parle de sepsis quand la réponse de l’organisme pour lutter contre une infection (généralement causée par des bactéries ou des virus) devient incontrôlable. Si le sepsis n’est pas rapidement diagnostiqué et traité, il peut entraîner un choc septique, une défaillance des organes nécessitant des soins intensifs, voire la mort. De plus, beaucoup de personnes ayant survécu à un sepsis présentent encore des séquelles physiques et psychiques des années après. Ces faits sont encore trop peu connus. Le sepsis est une urgence médicale qui nécessite une intervention rapide, au même titre qu’un accident vasculaire cérébral ou qu’un infarctus.

Un nombre de cas toujours alarmant

Le sepsis peut frapper n’importe qui à n’importe quel moment, quels que soient notre âge ou notre sexe. Et c’est vrai aussi pour nos proches, nos enfants, nos parents, nos conjointes et conjoints, nos connaissances amicales ainsi que nos collègues. Les personnes âgées, les nourrissons et les personnes souffrant de maladies chroniques ou ayant un système immunitaire affaibli sont particulièrement à risque.

En Suisse, une personne est victime d’un sepsis toutes les 25 minutes en moyenne, avec des conséquences graves pour sa santé et sa vie. En outre, une personne meurt d’un sepsis toutes les deux heures et demie. Ces chiffres n’ont pas baissé ces dernières années. Cela représente environ 20 000 cas de sepsis et 4000 décès provoqués par un sepsis chaque année à l’échelle du pays. À titre de comparaison, on compte environ 19 000 infarctus et 22 000 accidents vasculaires cérébraux par an. En Suisse, le sepsis tue autant de personnes que le cancer colorectal, le cancer du sein et le cancer de la prostate réunis.

Autre fait préoccupant: le nombre réel de cas de sepsis est probablement encore bien plus élevé. En effet, nombre d’entre eux ne sont pas diagnostiqués ou documentés correctement. De plus, les statistiques ne tiennent généralement pas compte des maladies qui ne sont pas traitées à l’hôpital.

Des coûts d’un milliard de francs par an

Les 20’000 cas de sepsis entraînent des coûts directs de traitement dans les hôpitaux suisses de plus d’un milliard de francs par an. Il faut encore y ajouter d’autres frais liés aux soins de suivi, à la rééducation, aux réhospitalisations et aux séquelles à long terme, ainsi que les charges liées aux absences au travail, à la perte de qualité de vie et aux décès prématurés. Ainsi, on peut raisonnablement supposer que les frais dus au sepsis en Suisse s’élèvent à plusieurs milliards de francs par an.

Des améliorations possibles

Le plan d’action national suisse contre le sepsis (Swiss Sepsis National Action Plan ou SSNAP) a été adopté en 2022 par les autorités et les spécialistes. La Commission fédérale pour la qualité (CFQ) a lancé le Swiss Sepsis Program (SSP) pour mettre le plan d’action en application. Ce programme s’étend de 2023 à 2028, et sa direction et sa coordination ont été confiées à des spécialistes de trois grands hôpitaux suisses. Ce programme national a pour objectif d’améliorer l’information, la formation, le diagnostic précoce et le traitement du sepsis en Suisse.

Un engagement personnel et collectif

Au cours des prochaines années, nous nous engageons personnellement, tant dans notre vie professionnelle que privée, à sensibiliser le public au sepsis et à contribuer ainsi à réduire son impact sur les patients ou les patientes et leurs familles. Par la présente, nous nous engageons à:

• parler du sepsis lors des discussions qui tournent autour de la santé et de la vie, car il est essentiel de mieux informer le public sur ce danger et sur les moyens de l’éviter ou de le traiter efficacement.
• signaler rapidement le risque de sepsis lorsque des symptômes inhabituels apparaissent en cas d’infection, car il constitue toujours une urgence médicale qui doit être rapidement diagnostiquée et traitée en tant que telle.
• prendre les mesures nécessaires dans notre environnement professionnel afin que le sepsis soit mieux diagnostiqué et traité plus tôt à l’avenir, car plus nous en savons sur le sepsis et plus nous nous engageons ensemble dans la recherche, la médecine, la société et la politique, mieux nous pourrons lutter contre le sepsis.

Nous mènerons ces activités partout où cela sera possible et de la manière qui conviendra le mieux à chacun et chacune d’entre nous. Par ailleurs, nous sommes disposés et disposées à contribuer à cette cause dans notre environnement professionnel et privé ainsi que dans le domaine public.

Nous souhaitons ainsi contribuer à prévenir les cas de sepsis et à diagnostiquer et traiter plus tôt cette urgence médicale.